jeudi 11 février 2010

Les pensionnaires du lycée Hoche font le mur la nuit !

L’action se passe en 1967. A cette époque, Il y avait ce qu’on appelait un surveillant général - le surgé -, chargé, comme son nom l’indique, de surveiller les élèves, mais aussi chargé du contrôle administratif.

Au lycée Hoche, déjà de réputation nationale, la surveillance des élèves était répartie en trois domaines : Le petit lycée (6ème à 3ème), le Grand lycée (2nde à Terminale) et l’internat (Pensionnaires des deux lycées et des classes préparatoires). Chaque domaine avait son surveillant général.

L’aventure qui vous est narrée ici concerne le surgé de l’internat, ce brave monsieur Faggianelli (surnommé bien sûr « Fadgia » par les élèves et peut-être même par ses collègues) et se déroule au 1er étage de l’internat, à son bureau.

Comme tous les matins, monsieur Faggianelli, arrivait vers 8H00 pour prendre ses fonctions. Il avait pour habitude de faire un petit tour du propriétaire afin de voir si tout allait bien et de commencer ainsi sa « surveillance journalière ».

Ce brave homme, après avoir traversé tout le couvent à pied, arrive à son bureau, sort ses clefs et ouvre la porte. Son bureau d’une surface d’environ 30 m² se situait au croisement de deux couloirs avec une porte à double battant - un battant fixe verrouillé et un battant mobile - située dans un couloir et un mur d’environ un mètre surmonté d’une baie vitrée munie d’un hygiaphone située dans l’autre couloir perpendiculaire au premier.

La porte s’ouvrant vers l’extérieur du bureau, il manipule la poignée pour l’ouvrir en tirant la porte vers lui. Et là, oh surprise ! il découvre qu’il y a un mur en carreaux de plâtre scellés qui s’élève jusqu’en haut de l’encadrement.

Visiblement ce mur n’était pas là hier soir. Il a donc été monté dans la nuit, certainement des locataires nocturnes de l’internat.

Là, il sent le mauvais coup bien préparé. Il déverrouille alors le battant fixe se disant, sans doute, que la moitié du boulot n’a pas été faite par ces « canaillous d’élèves pensionnaires ». On dirait maintenant ces « petits cons » ; mais à l’époque ce vocabulaire bien que connu des élèves et des professeurs n’était pas d’usage surtout au lycée Hoche dont la réputation, concernant en particulier l’éloquence, était à maintenir au plus haut niveau jusque dans l’expression orale des ses représentants.

Mais manque de chance pour notre homme, le sabotage était parfait puisque le mur se prolongeait derrière le battant fixe.

L’aventure de « Fadgia » ne s’arrête pas là, malheureusement pour lui. De retour devant sa porte murée en compagnie des deux ouvriers, il a l’idée de faire le tour du bureau et d’aller jeter un coup d’œil par la baie vitrée.

Et là, deuxième surprise. Il découvre que le sol du bureau est recouvert d’une couche épaisse de couleur marron, visiblement haute de plusieurs dizaines de centimètres. Il ne lui faut qu’un dixième de seconde pour comprendre qu’il s’agit là de tubercules comestibles de l'espèce Solanum tuberosum, autrement appelés, pommes de terre. Il évalue rapidement de tête le nombre de tubercules à plusieurs dizaines, voire centaines de kilogrammes.

C’est là que les choses se corsent. En effet, à cette époque, les pommes de terre étaient vendues brutes, c'est-à-dire, avec la terre dans des sacs de 10 ou 20 kg…

Après deux bonnes heures passées à casser le mur en carreaux de plâtre, « Fadgia » découvre que le plus dur reste à faire. Il faut sortir les patates en les mettant dans des sacs et surtout, il faut aspirer la poussière restant au sol.

L’histoire ne dit pas si les coupables ont été trouvés et s’ils ont été l’objet d’heures de colles ou d’avertissements certifiés du surgé.

Certains d’entre eux ont peut être fait polytechnique plus tard et sont peut être devenus des personnages de bonne réputation et de premier plan lors de leur carrière. Ils sont sans doute maintenant à la retraite et se complaisent peut-être à raconter cette aventure à leurs petits enfants en leur donnant des conseils quant à la qualité du plâtre à utiliser.


Martial Fabre

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